3,1415926535897932384626433832795029…

Il y a 2 ans, Daniel est devenu célèbre, en arrivant à réciter 22.514 décimales au nombre Pi, sans erreur, et sans hésitation. Daniel a fait sauter la banque à Las Végas en 2 heures en jouant au black jack, sans n’y avoir jamais joué auparavant. Il a commencé à gagner dès qu’il a abandonné toute méthode pour faire confiance à son intuition. Il a appris l’Islandais en une semaine devant des caméras, pour parler parfaitement la langue nordique réputée une des langues les plus dures à apprendre à cause de sa grammaire.
Daniel est capable de calculer un nombre à n’importe quelle puissance, mais il est nul en racines carrés, ou en équations quand les inconnues sont des lettres. “Pour [lui, Pi], c’est aussi beau que la Joconde“. Par contre, il est incapable d’appeler un taxi, ou de naviguer dans le menu d’un simple DVD.

Daniel TAMMET a 26 ans, est anglais et est atteint du syndrôme d’Asperger, forme d’autisme manifeste dès la naissance. Bébé, pour le calmer quand il pleurait (sans cesse, en fait), il fallait qu’il soit bercé d’un même mouvement répétitif. Petit, il ne jouait pas avec d’autres enfants, ni avec des jouets : “mes jouets, c’étaient des chiffres“, qui ont des couleurs, des formes, des textures, une véritable personnalité. C’est ce qu’on appelle la synesthésie : la connexion entre des sens qui n’ont aucun rapport.
Mais ce qui rend Tammet unique, c’est qu’il est un des rare autiste à savoir décrire le fonctionnement de son cerveau. Il travaille donc avec des scientifiques qui vont essayer de mieux comprendre l’autisme à travers Daniel. Il tente de s’expliquer dans un livre qu’il vient de sortir et qui s’intitule : Born on a Blue Day dans lequel il raconte son enfance, sa relation aux chiffres. Il livre son histoire cash, sans fioritures…

Ses points forts sont la syntaxe et les maths : le genre de domaine qui donnent des boutons à la plupart des gens! Mais ses points faibles sont aussi importants : il a dû lutter pour acquérir des compétences qui semblent évidentes à ces mêmes personnes, la communication, l’empathie et les émotions, la capacité à avoir une vue d’ensemble, sans se perdre dans les détails…
Il a réussi à pleurer pour la première fois quand son chat est mort, récemment. Et c’est à ce moment précis qu’il s’est familiarisé avec la notion de chagrin. C’est aussi en écrivant son bouquin qu’il a perçu pour la première fois ses parents comme des personnes. Daniel est hypersensible aux bruits, comme la majorité des autistes. Il ne pouvait se brosser les dents avant de découvrir la brosse à dents électrique, plus rythmique.

En fait, il résume assez bien ses difficultés : “Mon cerveau décompose tout en éléments concrets et tangibles […], c’est l’intangible que j’ai du mal à comprendre“.
Le plus dur est d’être conscient de ses faiblesses : il reconnaît volontiers que le génie ne se limite pas aux maths, mais que “fonder une famille, cuisiner, enseigner, sont aussi des capacités fascinantes” qu’il ne maîtrise pas.

Quand je suis tombé amoureux, j’ai compris pour la première fois que l’on pouvait m’aimer. Je n’en avais aucune idée“. Là encore, il travaille sur le sentiment, sur l’émotion, ces sens auxquels Daniel TAMMET n’est pas familiarisé. A 11 ans, il prend conscience de son homosexualité, une différence rationnelle pour lui. Il prend alors le risque de rencontrer un programmeur avec qui il chatte sur le Net : Neil. Et ça marche, Neil l’aide, et, grâce à lui, Daniel élargit la gamme de ce qu’il peut ressentir. Il continue surtout, sans cesse, à apprendre et à découvrir des choses, même s’il sait qu’il ne “guérira” jamais de l’autisme.
Il n’y a pas longtemps, j’ai expliqué à Neil quelque chose qui s’était passé pendant nos vacances. Je n’avais pas compris qu’il s’en souvenait, lui aussi, puisqu’il était là“.

J’ai toujours trouvé l’autisme fascinant. Fascinant car il souligne le développement de certaines facultés alors que d’autres sont bridées. Ces facultés sont assez diverses et variées. L’histoire de Daniel TAMMET me touche et accentue ma fascination pour ces personnalités différentes.

–>Son site (où il propose une méthode pour apprendre le français et l’espagnol)
–>Un site en français qui lui est consacré

5 commentaires

  1. TacTac 28 Sep / 01:03

    C’est con que sa méthode ne s’applique qu’au Français et à l’Espagnol : les 2 seules langues où je suis parfaitement bilingue. J’aurais bien aimé apprendre l’Islandais en une semaine.

  2. Arthur 28 Sep / 12:07

    Le francais et l’espagnol… Tiens tiens…

  3. ArnO ou SuperkicK 5 Oct / 19:37

    Ton petit homme a été battu hier je te laisse la dépèche de l’AFP:

    TOKYO (AFP) – Un Japonais de 60 ans a battu son propre record du monde de mémorisation du nombre pi en récitant publiquement pendant plus de 16 heures 100.000 décimales, ont annoncé les organisateurs de l’événement.
    Le nombre pi, qui comporte un nombre infini de décimales (3,1415926535…) est le rapport constant entre le périmètre d’un cercle et son diamètre.
    Akira Haraguchi était déjà détenteur du record mondial en la matière, qui était de 83.431 décimales. Sa nouvelle récitation a commencé à 09H00 mardi matin et s’est achevée, sans aucune erreur, la nuit suivante vers 01H30.
    L’épreuve s’est déroulée dans la salle de conférences de la mairie de Kisarazu, dans la banlieue est de Tokyo, sous le contrôle de fonctionnaires municipaux et avec une pause de dix minutes toutes les deux heures.
    “Il a une façon spéciale de se rappeler les décimales, en pensant à des noms qui accompagnent les séries de chiffres”, a expliqué un employé municipal.
    “Je n’ai rien ressenti de sensationnel, j’ai juste vidé tout ce qu’il y avait dans ma mémoire”, a commenté l’heureux détenteur du record.

  4. ikare 6 Oct / 01:12

    Pi, Pi, Pi, ou comment un nombre peut faire tourner les têtes et les esprits!!!

  5. Gyom 31 Jan / 00:39

    Je parcours ton blog depuis quelques heures, au boulot (c’est mal), en lisant un article de temps en temps.
    Mauvaise habitude, je le lis à l’envers, donc les évènements se complètent étrangement, et je sais déjà que tu n’auras pas tenu parole en disant que tu reviendrais sur tel ou tel sujet dans un prochain article…

    De temps en temps, je laisse un commentaire (tiens, un article sur New York…) ; et là je souris d’autant plus : tu parles de cet autiste léger étonnamment surdoué que j’ai justement découvert… ce midi, au cours d’un déjeuner sur le pouce.

    Joli hasard.

    D’ailleurs, si le sujet des autistes t’intéresse, je te conseille “Le bizarre incident du chien pendant la nuit”, de Mark Haddon. L’auteur raconte le monde d’un jeune autiste, et son enquête pour découvrir qui a tué le chien de la voisine, en tournant le récit de son point de vue.
    C’est naïf, assez prenant, plein d’imagination et très poétique.