Comment bien marcher dans les rues de New York

Plongé dans mon bouquin, ce matin dans le métro, je suis tombé sur un passage qui parlait de New-York. Le texte décrit l’attitude à adopter dans les rues. Ce n’est pas forcément super optimiste, mais c’était un peu mon ressenti lorque j’ai erré sur les trottoirs de Manhattan cet été.
En ce moment, je recommence à fantasmer sur The Big Apple, et je me dis que j’y retournerais bien pour Noël l’année prochaine.

Dans les rues, tout n’est que corps et commotions et, qu’on le veuille ou non, on ne peut y pénétrer sans adhérer à un protocole rigoureux. Marcher dans une foule signifie ne jamais aller plus vite que les autres, ne jamais traîner le jambe, ne jamais rien faire qui risque de déranger l’allure du flot humain. Si on se conforme aux règles de ce jeu, les gens ont tendance à vous ignorer. Un vernis particulier ternit les yeux des New-Yorkais quand ils circulent dans les rues, une forme naturelle, peut-être nécessaire, d’indifférence à autrui. Par exemple, l’apparence ne compte pas. Tenues extravagantes, coiffures bizarres, T-shirts imprimés de slogans obscènes – personne n’y fait attention. En revanche, quelque accoutrement qu’on arbore, la façon dont on se comporte est capitale. Le moindre geste étrange est immédiatement ressenti comme une menace. Parler seul à voix haute, se gratter le corps, fixer quelqu’un droit dans les yeux : de tels écarts de conduite peuvent déclencher dans l’entourage des réactions hostiles et parfois violentes. On ne peut ni trébucher ni tituber, il ne faut pas se tenir aux murs, ni chanter, car toute attitude spontanée ou involontaire provoque à coup sûr des regards durs, des remarques caustiques, et même à l’occasion une bourrade ou un coup de pied dans les tibias.


Extrait de Moon Palace
de Paul AUSTER

2 commentaires

  1. Jonathan D. 15 Dec / 10:12

    New York, New York… J’ai mis les pieds dans cette ville quelques jours, dont celui qui est désormais le plus célèbre sur toute la planète… J’espère y retourner dns de de meilleurs conditions et vraiment m’impreigner de son atmosphère.

  2. Gyom 30 Jan / 22:46

    C’est vrai que les libertés d’apparence que peuvent se permettre certains NewYorkais sont assez saisissantes.
    Au début, ça déboussole un peu, ça amuse, puis ça rassure… Ca te donne l’impression que tout est possible.

    Mais c’est amusant, je ne l’avais jamais vraiment vécu de façon négative, en contraste avec une attitude toute maîtrisée qui va avec.
    Dans cette étrange jungle, certes les oiseaux portent les plumages les plus colorés au monde, mais aucun ne peut se permettre de chanter plus haut que ne rugissent les lions.

    Mais en effet, c’est assez étonnant de voir que tout le monde est d’office charmé par NewYork. Pas seulement par ces gratte-ciel qui donnent le vertige, mais aussi par cette atmosphère où vivre ensemble prend un sens nouveau. Les gens osent, rien n’étonne, mais je crois que cette ville n’est pas tellement plus magique pour autant. Elle sait être d’autant plus cruelle et sans pitié, et te ramener à ta propre réalité, à ta propre solitude, à tes propres peurs.

    Je pense tout simplement que NewYork est plus entière, avec les bons et mauvais côtés que ça implique.
    Plus intense.