Kiss my Moon 9 February 2010 / 01:23
Un peu tard certes, j’ai envie de l’ouvrir. Un peu tard, certes, j’ai envie de l’écrire et ça faisait un bail que je n’avais pas écrit ici, mais cette histoire du Baiser de la Lune me gave profondément. Et aujourd’hui encore en lisant un article de Yagg, mon sang n’a fait qu’un tour et je me suis mis à mon clavier.
On a donc un espèce de dessin animé destiné à des gamins qui seront en primaire : deux poissons semblent s’aimer, blablabla, ils se tournent autour, blabla, y’en a un des deux qui ne veut pas que sa grand-mère le sache alors que l’autre veut aller dans la lumière, bla bla BLA!
Il n’y a que la bande-annonce qui circule, sur laquelle le doublage laisse franchement à désirer tant par l’élocution que par le jeu du/des acteurs.
Bref, on pourrait dire que c’est maladroit, on pourrait dire que ce n’est qu’une bande annonce, on pourrait dire que ce n’est pas grave, que c’est un jeune réal’ qui débute (je ne sais rien de la personne qui a produit ou monté ça).
On pourrait…
Mais non…
Car forcément le dessin animé a défrayé la chronique. Forcément, on en a parlé. Forcément ça a fait polémique. Forcément : on allait montrer à nos chères têtes blondes deux homos en train de se chercher. Et forcément, ça a été interprété : pour certains, c’est de la simple sensibilisation, pour d’autres c’est de la lutte contre l’homophobie, et pour d’autres encore c’était du racolage actif pour que des gamins de 9-10 ans sortent les voiles et la vapeur…
Forcément on pourrait minimiser les choses, mais le débat a eu lieu et il a fait mal. Le droite catho, Boutin toutes bottines devant, en chef de file (locomotive, as usual) a aboyé. Routine, quand tu nous tiens…
Alors oui, ça fait mal. Ca fait mal de s’en prendre plein la gueule. On en a entendu à la radio, on l’a lu dans la presse, on a vu les commentaires. Qui font mal, qui touchent et qui révoltent. Malheureusement, c’est la triste réalité mais pour une certaine frange de la population, c’était montrer de l’incitation et non des choses que les familles peuvent ne pas vouloir expliquer. Ces commentaires, c’est triste, mais on les connait.
Ce qui moi me touche, c’est que je suis apte à les encaisser quand je peux défendre quelque chose, quand je peux répondre, quand je peux assumer le sujet. Dans ce cas, et seulement ce cas-là, je peux partir frontalement, je peux être fort et je peux me battre.
Je veux surtout insister sur un point important : mon argumentation n’est pas contre ces commentaires qu’on a pu entendre et qui sont tout à fait regrettables, mais bien contre la source de ces commentaires. Mais ce Baiser de la Lune, c’est comme partir au combat sans bouclier, sans armes… à poil en fait.
C’est un dessin animé qui finalement est mauvais qui n’est en rien défendable et auquel on ne peut pas pardonner d’être maladroit. C’est un dessin animé qui nous sort une pauvre analogie du fin fond de cartons bien sombres à destination de gamins. Vous avez essayé de vous mettre à la place de l’enseignant qui devrait “débattre” de ce dessin animé, tout en métaphores pour finalement parler d’un amour différent, sans jamais dire naturellement qu’il s’agit de 2 hommes ou de 2 femmes qui s’aiment? Comme d’autres, je reste persuadé que l’on peut normalement parler de l’homosexualité à l’école, sans rentrer dans les clichés et sans forcément s’étaler dans les détails. Le naturel est la clef de l’ouverture (et donc de la lutte contre l’homophobie) et la métaphore tordue ne saurait rentrer dans aucun des cerveaux de gamins de primaire.
L’idée d’en parler à l’école ne me choque pas. C’est la forme que ça a pris qui me dérange. Du coup, le débat est stérile et on nous ressort à grands coups de com’ le “lobby” gay avec ses plumes dans le cul. Ce projet aurait pu être un poil pédagogique et intéressant mais au lieu de ça, on a quelque chose d’indéfendable qui ne donne même pas l’occasion au ministre de l’Education d’avoir une semblant de couilles pour le défendre. Et, chose plus grave, on enterre de nouveau la sensibilisation pour quelques mois (années?) supplémentaires, alors qu’une vraie bonne idée aurait pu faire avancer les choses… Dommage. Merde, en fait!
Et puis aujourd’hui, une news passe sur Yagg : une agression homophobe dans le Marais mercredi dernier. Le site relate la brève, triste bien évidemment. A gerber, surtout.
Et puis, le centre LGBT de Paris est cité dans l’article. Je précise : je n’ai rien contre le Centre LGBT de Paris qui, je le sais, fait un boulot monstre et fait avancer les choses en militant, en intervenant etc. Toutefois, sous la plume du centre LGBT, on peut donc lire à propos de cette agression :
“Le ministre de l’Éducation, lorsqu’il refuse la diffusion du court métrage Le Baiser de la Lune dans les écoles primaires, se rend indirectement complice de ces agressions homophobes commises par de très jeunes hommes”, s’insurge le Centre LGBT Paris IdF.
Je veux bien militer, je veux bien être visible et je suis le premier à reconnaître le boulot qu’arasent les assoces, mais au secours… Pas encore ce dessin animé de merde qui n’a plus de légitimité, qui ne fait rien avancer qui bloque la situation. Je trouve cette affirmation ridicule et je trouve qu’elle dessert grandement la cause : elle ne la fait pas avancer, elle l’enterre à coup de râteaux bien lourds et ne fait que donner des arguments faciles (encore?) à ceux qui voient là un “lobby” gay. Un peu de bonne intelligence, nom de dieu, un peu de quoi élever le débat, et un peu de nouveaux arguments adaptés à l’air du temps, fins et subtiles.
Je n’ai aucune légitimité à juger tout cela. Je vois juste que ça m’a rendu presque fou d’entendre et de lire tout ce qu’on a lu pour quelque chose qui ne vaut vraiment pas le coup (et ça m’a rendu triste aussi). Et je trouve ça regrettable et dommageable pour les homos et les gamins qui se cherchent. Et que pour la bonne intégration (la juste intégration), on n’a pas besoin d’un débat stérile, un de plus.
Alors, effectivement, je reste chez moi. Je ne fais pas parti d’une quelconque association et je ne milite pas au jour le jour pour la cause gay. C’est un choix et un manque de temps. Mais je reste persuadé que les choses évoluent terriblement vite en ce moment et qu’il faut trouver les moyens pour s’affirmer et sensibiliser. Dernièrement, j’ai trouvé une façon plutôt séduisante de montrer au reste du monde que les pédés et les goudous existent : les kiss-in organisés un peu partout en France (et dans le monde). Il y en a un ce 14 février pour montrer, qu’en s’embrassant on peut être visible. Sur le blog du kiss-in, vous aurez tous les détails des horaires et des lieux. Et vous savez quoi? C’est organisé par des types qui ont tout juste 20 ans. Ca fait pas du bien de voir ce genre d’évènements militants organisés par une relève jeune mais totalement concernée? Franchement?!! C’est con, mais c’est beau. C’est facile et on peut en être fier. C’est agréable et c’est doux : foncez entre amis, amoureux, hétéros et sortez vers la lumière, plus fiers que ces poissons complètement marteaux!