…et c’est déjà pas mal !
Ce que je lis en ce moment ou ai pu lire, ici ou là sur le net me fait m’étrangler parfois. Surtout lorsque cette campagne présidentielle 2007 se caractérise par étant d’un nouveau type en invitant une partie (encore réduite) des électeurs-internautes à participer, à échanger et de temps en temps à s’affronter plus directement et moins cordialement (ce qui arrive de plus en plus souvent). Ce qui me fait réagir et souvent hurler, c’est la tendance de certains à associer homosexualité au vote à gauche. Cette tendance à systématiser ce lien et à le rendre obligatoire, me rend fou. Certains écrivent (et parfois pensent) que l’on ne peut être de droite et gay en même temps. Je vais essayer d’expliquer ma démarche…
Fils d’une mère enseignante, mes inspirations économiques sont plutôt libérales : je crois au marché et à sa propre régulation, je crois à une certaine forme de libéralisme (et ce n’est pas un gros mot, Zep !
). Mes études en économie tant sur la théorie des économistes que sur l’étude des faits économiques historiques jusqu’à présent, ont tendu à ce que je me fasse une opinion : celle d’avoir une tendance politique plutôt proche de notre droite. Sur le plan social, je modère un peu plus mes propos et pensées (quoique…), mais si on fait les comptes, c’est toujours la droite qui gagne dans mon esprit. Voilà, ce ne sont que mes idées de départ qui me guident et en les exposant ainsi, je ne cherche bien évidement à convaincre personne.
J’en viens au cœur de mon idée : adhérer à des idées politiques et à des concepts sociaux n’ont rien avoir avec les orientations sexuelles de chacun. Et je m’insurge contre les gens qui se doivent d’imposer un quelconque lien. Parce que je suis pédé, je serais obligé de voter à gauche ? Of course, not ! C’est vrai, la gauche et la droite ont un passé sur la question, d’ailleurs plutôt en faveur de la gauche, à l’image de l’intervention de Mitterrand en 1981. Le tableau de la droite est bien plus sombre sur le même terrain : opposition au PACS, manifestations outrancières d’une certaine partie de la droite… Je reconnais ces faits comme explication d’une éventuelle légitimation du vote à gauche de la population gay-lesbienne et je ne les remets pas en cause. Mais aujourd’hui, je suis mûr dans ma sexualité : une acceptation pleine et entière avec assez de vécu pour savoir quel genre de relation et quel genre de futur je veux. Ce n’était pas forcément le cas en 1998 et je n’étais pas né en 1981. Ce passé est alors moins légitime à prendre en compte pour moi ne l’ayant pas vécu dans mon état d’esprit actuel ; mais j’en conviens, je peux comprendre ceux qui ont gardé ça bien présent dans leur tête. Je pense surtout qu’aujourd’hui, les idées, repères et positions des partis évoluent (assez rapidement en fait) : réjouissons-nous que chaque grand parti (à qui l’on pourrait décemment confier nos voix) étudient et évoquent la question homosexuelle en proposant des choses. Et les partis évoluent tout en essayant de séduire la plus large majorité de leurs électeurs. A droite par exemple, cet électorat va des personnes comme moi (pluôt centristes) jusqu’à la frange la plus extrémiste (catho, limite FN…). Il faut aussi prendre ça en considération.
Il y a 6 mois, je pensais néanmoins voter à gauche, histoire que le PS et Cie montrent enfin un peu ce qu’ils sont capables de faire au pouvoir, au lieu de se plaindre systématiquement (c’est le rôle de l’opposition, je ne les blâme pas pour ça). Et je me disais que en ce qui concerne le « droit » des homos, c’étaient eux qui étaient le plus susceptibles de faire avancer les choses (mariage, adoption…). Aujourd’hui l’UMP propose une « union civile » qui ne me convient guère et c’est vrai que face à la proposition PS, sur le papier cette « union civile » ne faisait pas le poids. J’ai changé d’avis depuis : je me suis renseigné sur l’exacte proposition des socialistes déposée au Sénat (en juin dernier, je crois). J’ai été assez déstabilisé, en fait. Ils communiquent sur le mot ‘mariage’ mais au final, ce n’est pas une si grande avancée que ça. Actuellement, il existe un unique texte sur le mariage légitimant la filiation et la parentalité (et donc l’adoption) dans le même texte. La proposition socialiste consiste certes à remplacer par « les époux » un peu partout afin d’avoir le même nom de contrat pour les hétéros et pour les couples de même sexe, mais aussi à séparer les notions de mariages et de filiation en 2 textes, séparant donc la parentalité du mariage :
- Proposition de loi tendant à ouvrir le mariage aux couples de même sexe
- Proposition de loi tendant à amenager les conditions d’exercice de la parentalité
Toute l’ambiguité est là : celle de pouvoir faire passer un texte sans l’autre, ou en modifiant le second. Ca ne sera peut-être pas le cas et j’espère que ça le sera pas. Je salue les propositions et je ne les critique pas, c’est déjà une proposition en elle-même, très intéressante. Mais à mes yeux, cette séparation fait perdre de sa splendeur à ces propositions qui continuent à faire tourner la tête d’un tas de personnes. Au final donc, ce qui aurait pu me faire voter PS (en ne me basant que sur l’unique notion de l’évolution du « droit » des homos) ne fait plus basculer ma balance, face aux propositions compilées des partis. Parce que c’est bien ça dont il est question : face à notre paysage politique bimodal, il ne s’agit plus de trouver le candidat chez qui on trouvera le plus de points communs, mais ça sera celui qui minimisera les idées sur lesquelles nous sommes en désaccord…
Alors savoir si ça sera Sarko ou Bayrou, je ne sais pas encore. Car oui Sarko me fait un peu trembler sur certains sujets et aussi car Bayrou semble être une bonne alternative quand on fait les comptes… Let’s see.
Voilà, j’explique dans ce billet un peu mon choix et ma position actuelle. Je souhaite juste qu’on arrête, par pitié de penser qu’homosexualité et droite sont toujours antinomiques. Je m’insurge contre ceux qui imposent un vote ou une manière de penser communautariste (une de plus?!). On peut concilier les deux aujourd’hui, bien plus qu’homosexualité et religion à laquelle, pour moi, l’adhésion de fait dans la globalité par les pensées, gages de la foi et qui condamne ouvertement ce choix d’orientation sexuelle.
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