Pourquoi faut-il pénétrer l’Enfer?

Jusqu’au 22 mars 2008, la Bibliothèque Nationale Française accueille l’exposition L’Enfer de la Bibliothèque. Elle nous présente tous les documents présents dans l’Enfer depuis sa création au 16ème siècle.

Mais qu’est ce que l’Enfer? Il s’agit du nom donné à une catégorie d’oeuvres très particulières qui ont été cachées du grand public pendant plusieurs siècles. Il s’agissait de protéger le public de bouquins, dessins ou autres un peu voire carrément osés. C’est là qu’est née la pornographie et qu’elle est restée secrète jusqu’en 1983, date à laquelle il ne fallait plus montrer pâtes blanches pour pouvoir accéder à ces oeuvres. Du coup, on y apprend et découvre plein de choses affriolantes, voire carrément chaudes (intéressant en plein après-midi quand la moyenne d’âge des visiteurs ne descend pas en dessous de 65 ans, ahêm…).
Vous pourrez donc lire des écrits de Sade, d’Apollinaire ou d’autres dans leurs formats originaux. Grosse découverte que nous avons faites avec Muxu Munu et Dicky Trace, en celle de Pierre Louÿs, auteur né à la fin du 19ème siècle et dont les textes sont crus mais d’un drôle…

Je n’aime pas voir la fille au con hirsute
Qui s’expose en levrette et se branle dessous
En criant : “Ha! Ca vient! lèche mon cul, je jute!”
Au vieux miché qui lèche et qui donne cent sous.

Pybrac, Pierre Louÿs

Pour comprendre que nous n’avons rien inventé de nouveau dans nos pratiques les moins sages et découvrir que nos aïeuls étaient tout au moins aussi pervers que nous, allez frétiller à la BNF pour cette chouette expo (mais qui émoustille vraiment).

L’Enfer à la BNF

Pavillon Noir

Il m’est arrivé une histoire assez étrange la semaine dernière. Un espèce de guignol qui avait quelques compétences en informatique a commencé à me monter quelques beaux bobards (dans lesquels je suis à moitié tombé) qui ont duré sur plusieurs semaines (à coups de faux mails, fausses conversations, phishing, faux noms de domaines et tout le tralala). Je suis finalement arrivé à le démasquer, comme quoi mes compétences en informatiques peuvent aussi suivre, quand elles veulent.

Cette personne m’a fait tout de suite pensé à Cyril, le personnage principal de Pavillon Noir sorti le mois dernier chez Plon dont l’auteur est Thibaut de Saint Pol. L’histoire est simple : on entre progressivement dans la tête d’un hacker-fou qui se croit le Maître du Monde et qui met en place tout en tas de virus pour faire tomber Internet et la société qui l’utilise. Quel prétentieux, lui aussi ce Cédric! Mais heureusement pour nous, Cyril est interné dans un hôpital psychiatrique.

C’est un roman de rentrée littéraire et je dois dire que ce n’est pas dans mes habitudes de lire ce type de livre. Mais j’ai dévoré ce bouquin car, l’histoire est moderne et que je me sens concerné par cet aspect de l’informatique, en bon bloggeur que je suis. Dans le cerveau de Cyril on se prend pour tous les personnages qu’il devient pour parvenir à ses fins : via les mails, sur les forums, ou même sur les réseaux de rencontre. Chapitre très intéressant à lire sur ce sujet (sentirait-on l’expérience de l’auteur?!!) quand on fréquente ce genre de sites.
Outre le côté informatique, c’est une histoire qui parle de la passion, celle qui rend fou, celle qui peut amener parfois à se couper du monde et des autres, dans une escalade que l’on ne maîtrise souvent pas.

On regrettera néanmoins la difficulté pour l’auteur de paraitre crédible en info tout du long du bouquin. J’imagine néanmoins sans peine, qu’il est délicat de rentrer dans les détails des astuces informatiques pour ne pas perdre les lecteurs qui ne sont pas habitués à cet univers. Les chapitres étant très courts, il est aisé d’avancer rapidement dans le livre, même si au début on se sent un peu perdu lorsque les chapitres s’enchaînent sans trop bien comprendre les différents points de vue de narration. La compréhension sur ce point devient bien plus claire, lorsqu’on avance dans le livre et révèle une surprise de taille… Jusqu’à la fin où, forcément, tout s’accélère et où la passion s’achève, comme toute passion qui s’allie à la folie.
Si vous avez envie d’un bon roman accessible, qui parle d’un sujet bien actuel, jetez-vous dessus, vous ne serez pas déçu : c’est efficace, et divertissant comme il faut!

Ah, j’oubliais de vous dire, que j’ai déjà évoqué l’auteur sur ce blog… lors d’une bien curieuse soirée arrosée au Club 18! Evidement, c’est un plaisir de parler de son livre ici. Surtout qu’au final je l’ai apprécié et que je me suis laissé surprendre (agréablement) par la plume de quelqu’un que je connais.

Quand je serai grande j’aurai des chaussures rouges…

Vous vous y connaissez en femmes? Et bien Valentine Féau et Sandrine Jouanin tentent d’expliquer ce que sont ces personnes de sexe féminin pendant ce pestacle d’1h30, aux Blancs Manteaux qui se joue du dimanche au mardi : Quand je serai grande, j’aurai des chaussures rouges…

Elles sont toutes les 2 sur scène et nous jouent une batterie de situation causasses, caractéristiques de ce que peut vivre une femme tout au long de sa vie, enchaînant les personnages les plus délurés les uns que les autres : la gamine, la nympho, la mère, la fille dont le père n’imagine pas sa vie sexuelle… Les comédiennes abordent ces moments avec aisance et fraîcheur et le résultat est au rendez-vous : on rit de bon cœur! Les sujets abordés sont peints de manière à ce que le public reconnaisse des situations vécues, et si parfois elles nous entraînent vers de lourds clichés, l’humour dont elle font preuve relève le tout.

On aime ce Prince Charmant qui se propose de lui « faire l’amour sur la plage du monde parfait où pas même un grain de sable ne lui rentrera dans les fesses », on aime ces deux célibattantes complètement paumées qui draguent à une terrasse de café, on aime cette mère qui raconte à son fils que parfois sa « future femme aura la voix de Jeanne Moreau, le matin au réveil »…

Au final, le mélange prend et l’impression est celle de voir sur scène le couple très réussi Chantal Lauby-Marina Foïs, tout en étant très original. Ca décoiffe ! Mon ressenti est donc plutôt positif (comme celui de Matoo) et je vous encourage vivement à aller les découvrir et les applaudir aux Blancs Manteaux.

Libero

Libero est un film italien. Il s’agit d’un père et de ses 2 gamins : une jeune fille et un petit garçon. Leur mère est partie et le père essaie de gérer du mieux qu’il le peut la situation… vraiment pas évidente au quotidien. La mère revient en promettant de ne jamais plus repartir. Et la petite famille redevient un quatuor inséparable… jusqu’à ce que…

Le film, moderne et sélectionné pour la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes 2006, tourne autour de la relation d’un parent isolé élevant seul ses enfants. Il parle surtout de comment une relation d’adultes (avec toute sa complexité) peut marquer à jamais les gosses, surtout lorsqu’ils n’ont pas forcément l’âge de tout saisir.

Edit : J’ai aimé le gamin face à son père seul et isolé qui essaie de s’en sortir du mieux qu’il le peut, aussi maladroit qu’il puisse l’être. J’ai aimé ce gamin sur qui repose en très grande partie de l’équilibre de ses parents qui ne tient qu’à un fil très lâche. J’ai aimé le fait que ce rôle qui est vécu par tant de gamins aujourd’hui ait été vraiment crédible, filmé avec sincérité et juste au quotidien. J’ai aimé le tout.
En sortant du film, j’en avais gros sur la patate, j’ai appelé ma mère pour lui dire que je l’aime. Ce n’est pas des mots que je lui dis tous les jours.

Comment bien marcher dans les rues de New York

Plongé dans mon bouquin, ce matin dans le métro, je suis tombé sur un passage qui parlait de New-York. Le texte décrit l’attitude à adopter dans les rues. Ce n’est pas forcément super optimiste, mais c’était un peu mon ressenti lorque j’ai erré sur les trottoirs de Manhattan cet été.
En ce moment, je recommence à fantasmer sur The Big Apple, et je me dis que j’y retournerais bien pour Noël l’année prochaine.

Dans les rues, tout n’est que corps et commotions et, qu’on le veuille ou non, on ne peut y pénétrer sans adhérer à un protocole rigoureux. Marcher dans une foule signifie ne jamais aller plus vite que les autres, ne jamais traîner le jambe, ne jamais rien faire qui risque de déranger l’allure du flot humain. Si on se conforme aux règles de ce jeu, les gens ont tendance à vous ignorer. Un vernis particulier ternit les yeux des New-Yorkais quand ils circulent dans les rues, une forme naturelle, peut-être nécessaire, d’indifférence à autrui. Par exemple, l’apparence ne compte pas. Tenues extravagantes, coiffures bizarres, T-shirts imprimés de slogans obscènes – personne n’y fait attention. En revanche, quelque accoutrement qu’on arbore, la façon dont on se comporte est capitale. Le moindre geste étrange est immédiatement ressenti comme une menace. Parler seul à voix haute, se gratter le corps, fixer quelqu’un droit dans les yeux : de tels écarts de conduite peuvent déclencher dans l’entourage des réactions hostiles et parfois violentes. On ne peut ni trébucher ni tituber, il ne faut pas se tenir aux murs, ni chanter, car toute attitude spontanée ou involontaire provoque à coup sûr des regards durs, des remarques caustiques, et même à l’occasion une bourrade ou un coup de pied dans les tibias.


Extrait de Moon Palace
de Paul AUSTER

Disney au Grand Palais

Mercredi soir, je suis allé voir l’exposition Il était une fois Walt Disney au Grand Palais. L’expo s’y déroule jusqu’à mi-janvier 2007.

L’expo nous accueille avec la toute première apparition de Mickey sur les écrans : la souris jouant du xylophone sur les dents d’un chien! Et tout au long des couloirs, on découvre d’abord les inspirations des créateurs Disney : de Frankeinten au Cabinet du Dr Caligari… De Fantasia à Peter Pan… Je trouve bluffant les scénaristes disneyiens : celle de partir d’une histoire et de la tourner de manière accessible aux enfants, avec une morale à la fin.
Puis, viennent les inspirations graphiques, où l’on retrouve nos repères. Et surtout on s’aperçoit que le dessin reste tout de même super moderne, par rapport à ce qu’on connaît actuellement. J’ai trouvé, mais ce n’est que mon avis, que le style n’avait pas si mal vieilli.
L’expo est organisée par dessins animés et à chaque tableau, des extraits sur des écrans en hauteur, nous permettent de nous resituer dans les oeuvres.

Je faisais encore partie d’une génération dans laquelle on connaît nos classiques Disney. Aujourd’hui, les gamins ne rêvent-ils pas plus d’Harry Potter que du baiser du beau prince qui réveillera La Belle au Bois Dormant? Est ce que la toute jeune génération a vu Blanche-Neige, Cendrillon, Bââââââmbi, Peter Pan et tout le reste? C’est bizarre de penser que ce n’est plus forcément le cas…

Voilà donc pour l’expo. Je la conseille vivement, on y passe un très bon moment. Par contre, d’après mes compagnons de soirées Henri et Oli, il est plutôt conseillé d’y aller en nocturne le mercredi soir afin d’éviter l’horreur des bambins du week-end. C’est plutôt calme et vide, on peut donc prendre son temps, et c’est juqu’à 22h.

Et puis un petit souvenir de notre jeunesse : je suis tombé par hasard sur le générique de La Bande à Picsou qui passait le dimanche matin, si je me souviens bien… Grand moment de nostalgie!